Thierry Kuntzel

4 févr.
— 9 avr. 2006

En collaboration avec le Musée des Beaux-Arts de Nantes.

« L’art de Thierry Kuntzel vient, revient de très loin. De temps quasi immémoriaux qu’il s’agit d’éclairer pour croire au moins les retrouver.

Ils composent autant de « blocs d’enfance ». Des blocs de temps à l’état pur autour desquels l’imagination tourne et qu’il faut éclairer chacun selon leur lumière. Ainsi se forment des lumières du temps.

Time Smoking a Picture : le temps qui se consume et part en fumée libère des couleurs, une à une changeantes et mêlées. Le temps que l’image met à changer est aussi celui d’un suspens qui se matérialise entre le déroulement lent d’une action minimale sur l’écran-moniteur (marcher, s’accouder, fumer) et d’innombrables pauses que la photographie permet d’en extraire. L’action de la photographie, saisie dans son rapport avec le mouvement qui de façon alternative l’anime et qu’elle fixe, est ici cruciale dans l’invention de la vidéo : empilement, effeuillage de Nostos II, face à face des deux photos de Nostos III, série réanimée des huit portraits de Tu, image unique de Retour dans la neige, soumise à la vibration plastique de particules de fiction. Toujours il s’agit d’arrêter et de remettre en mouvement l’image, comme The Waves en fait au visiteur l’invite interactive.

L’art de la vidéo est ainsi un art vivant des fantômes ; les temps qu’il fait revenir sont également ceux des mots rares et d’autres images. Temps du silence final de l’écrivain Robert Walser (Retour dans la neige), temps des mots suspendus de Lord Chandos, le héros prophétique de Hugo von Hoffmansthal (Une Lettre), temps sans retour, « Nevermore », du Tombeau d’Edgar Poe. Temps du cinéma, aussi, de sa puissance d’affect incomparable, à travers Letter from an Unknown Woman de Max Ophüls (Nostos II).

On passe ainsi de chambre en chambre. Chambre blanche (La Desserte blanche), chambre noire (Nostos II), chambres aux lumières du temps. La chambre est une peau – cela s’inscrit de façon littérale (La Peau). Ses murs sont des images, des possibilités d’images. Elles incarnent des états, variés, de dispositifs par lesquels un cinéma multiple se fait jour, dont la chambre de vue, comme lieu d’expérience, est la condition, une et recommencée.

Artiste


Thierry Kuntzel

Commissariat


Raymond Bellour


Autour de l'exposition :