Deux éternités proches
Bill Viola / Thierry Kuntzel
27 févr.
— 25 avr. 2010

Pour La Peau, Kuntzel offre un panorama de peaux humaines, obtenues par prélèvements macrophotographiques retravaillés informatiquement, puis reportés sur une bande-film de 70mm, de sorte à défiler très lentement dans une machine conçue à cet effet, le PhotoMobile. La combinaison anonyme de tant de peaux humaines devient une image fantastique de l’humanité transmuée en images du corps de la Terre et des astres, du trop proche au très lointain.
Dans He Weeps for you, c’est au contraire l’enregistrement qui vient au premier plan, pour construire l’image projetée. Le spectateur de l’installation est filmé dans la goutte d’eau qui se forme très lentement au sortir d’une machine où se trouve logée la caméra : de sorte qu’il s’aperçoit au loin, sur l’écran, dans le miroir méconnaissable que figure à l’envers son image étirée progressivement, le temps que met la goutte à se former et à tomber. En arrivant au sol sur la peau d’un tambour, cette goutte provoque un fracas qui devient la dimension sonore de la perception.
Ainsi, entre les deux installations, s’instaure un jeu savant de rimes décalées : elles touchent ensemble à la visibilité troublée du corps humain, par l’effet des machines d’enregistrement et de projection déployées dans l’espace afin de désigner l’énigme de la formation et de l’expansion du temps.
Enfin, des bandes de Thierry Kuntzel et Bill Viola seront également projetées, pour approfondir entre leurs deux œuvres l’infinité comme les métamorphoses du temps (Time Smoking a Picture, 1980 et Echolalia, 1980 de Kuntzel et Reason for Knocking at an Empty House, 1979-1983 et The reflecting pool, 1977-1980 de Viola).
Raymond Bellour
Les artistes
Bill Viola et Thierry Kuntzel
Commissariat
Raymond Bellour